Âgé de 68 ans et patron du Journal « Le Baobab », Bakary Gamalo Bamba n’oubliera jamais son rendez-vous avec le président de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), Francis Kova Zoumanigui ce « samedi soir » d’octobre 2024. Pourtant, les deux semblaient s’apprécier et se rapprocher au point de se rendre visite à domicile. Mais, une partie du vin servi sur la table du magistrat a fini sur la figure du journaliste qui sera roué de coups : une gifle du magistrat et plusieurs autres coups après l’arrivée d’un agent chargé de la sécurité du juge qui a malmené « sérieusement » notre confrère, avant de le mettre « en état d’arrestation »… Détenu à la maison centrale de Conakry depuis le 15 de ce mois, son procès s’est ouvert mardi dernier, 22 octobre 2024, a constaté un reporter que Guineematin.com avait dépêché au tribunal de première instance de Kaloum.
Que s’est-il alors passé pour que le journaliste se fasse battre et arrêter ?
Bakary Gamalo Bamba est poursuivi pour “atteinte à la vie privée”. Les faits portent sur un enregistrement discret qu’il a fait d’une conversation privée avec le magistrat Francis Kova Zoumanigui, président de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF).
A la barre du tribunal de première instance de Kaloum, le Directeur du Bimensuel d’Investigations “Le Baobab” a expliqué les circonstances dans lesquelles il a procédé à l’enregistrement qui lui vaut les présents ennuis judiciaires.
« Lui (Francis Kova Zoumanigui) et moi, on s’est connus sur Facebook. Nous avons l’habitude de travailler ensemble. Je l’ai appelé samedi pour lui dire que je suis un dossier à la CRIEF, en l’occurrence l’affaire Rémy Lamah et la société ZMC. Il m’avait dit qu’il n’avait pas le temps, mais de passer à la maison le samedi entre 18 heures-19 heures. Arrivé ce jour-là, il n’y était pas, c’est sa fille qui l’a appelé [au téléphone] pour lui annoncer qu’il a de la visite. Il a dit de l’attendre dans 5 minutes. Quand il est arrivé, j’ai enregistré notre conversation. Vous savez, quand il y a des termes juridiques qui nous fatiguent, nous (les journalistes) procédons ainsi. On enregistre pour pouvoir faire la part des choses. Mais après, ce n’est pas pour citer la personne dans le papier. Dans le rendu, on peut dire par exemple : ‘’selon un spécialiste’’. Quand il a su que je l’enregistrais, il m’a demandé si je l’enregistrais. Mais, puisqu’il était visiblement sur ses nerfs, j’ai répondu par la négation. Du coup, il m’a giflé et il m’a aspergé le vin qu’on buvait ensemble. Il a fait appel à son garde du corps qui m’a sérieusement battu », a expliqué lepatron du Journal “Le Baobab”.
Interrogé par le juge et le représentant du ministère public sur la base légale de son acte, le journaliste de 68 ans a dit que c’est permis. « Oui, c’est permis pour nous les journalistes d’investigation. C’est pour avoir des données fiables nécessaires pour notre enquête », a précisé Bakary Gamalo Bamba.
Après la déposition du prévenu, le tribunal a renvoyé l’affaire au 29 octobre prochain pour la citation de la partie civile et la continuation des débats.
Source du texte : guinée matin.com