Le procès opposant l’association des victimes du camp BOIRO à l’Etat guinéen concernant la rebaptisation de l’aéroport s’est ouvert ce mercredi 30 mai 2024 devant la Cour Suprême.
Ces victimes sous le régime de feu président Ahmed Sékou Touré demandent l’annulation pure et simple de cette décision signé le 16 décembre 2021 par le chef de la junte militaire guinéenne. Pour ces victimes cette décision de réhabiliter le dictateur guinéen est un « coup de poignard » dans leur dos.
<< Il y a bientôt trois (3) ans de cela, qu’un édifice public aussi symbolique qu’un aéroport international, porte d’entrée dans un pays, se trouve affublé du nom d’un dictateur. C’est par rapport à ça l’AVCB a décidé d’introduire une action en justice. Au paravent la loi nous permettait d’introduire un recours gracieux devant l’auteur du décret, c’est-à-dire le Président de la transition et d’attirer son attention sur le caractère inopportun et mal venu de ce décret. Face à ce recours gracieux, on a eu une réponse écrite de son ministre secrétaire général qui n’avait aucun pouvoir de signer à sa place. On avait fait l’observation à l’époque. À artir de là, celui-ci nous a signifié que l’État n’avait l’intention de revenir sur son décret. Après on a exercé les recours que la loi nous accordait. C’est le recours pour excès de pouvoir qui est dirigé contre ce décret devant la chambre administrative de la Cour Suprême de Guinée. En ce sens, nous avons introduit une procédure depuis février 2022. De février 2022 à maintenant, je suis allé plusieurs fois devant la Cour Suprême pour prendre des nouvelles de l’évolution de ce dossier. C’est seulement il y a une dizaine de jour qu’on a reçu un coup de fil du greffe pour nous dire que le dossier passe aujourd’hui », a-t-il indiqué .
Pour maître TALL Ahmadou Baidy Habib si les magistrats disent le droit, ses clients ont une forte chance de remporter le procès face à l’Etat car ayant prouver les crimes commis par le premier président de la Guinée indépendante.
<< On ne part pas dans un procès en disant d’avance que ça ne marchera pas. Mais de toute façon, il y a des efforts qu’il faut fournir, c’est le combat de notre génération, celui de défendre la mémoire de ceux qui ont été injustement assassinés et que les différents régimes politiques qui sont venus en Guinée ont été jusque-là incapables de réhabiliter les victimes dans le cadre d’une procédure normale. Et par rapport à ça, on se dit que c’est un combat pour la vie, un combat mémoriel. Alors si les magistrats qui sont-là aujourd’hui, disent le droit, nous avons de fortes chances de voir prospérer notre demande parce que dans la requête qu’on a présentée, on a décrit depuis les années 54, qui était Sékou Touré ? Ce qu’il a fait, quels sont les crimes qu’il a commis? Et c’est des crimes qui n’ont épargné aucune couche sociale. Aucune classe sociale. Que ce soit au plan ethnique, toutes les ethnies de la Guinée ont été touchées, que ce soit au plan professionnel, tous les corps professionnels de la Guinée ont été touchés, qu’on parte du cireur de chaussures jusqu’à l’ingénieur ou au professeurs agrégés. Alors c’est à eux de juger cette histoire et demain, ça sera à l’histoire de les juger en fonction de ce qu’ils feront aujourd’hui>>, a martelé l’avocat des victimes du premier régime.
La prochaine audience est prévue le 13 juin », a fait savoir Maitre Tall Ahmadou Baidy Habib au sortir de cette audience.