En Guinée, la musique a toujours été plus qu’un simple divertissement. Elle a été un cri du cœur, une expression de la douleur et des espoirs du peuple. Mais aujourd’hui, ce cri semble avoir été étouffé par le bruit assourdissant des flatteries serviles et des éloges intéressés que certains artistes guinéens adressent aux pouvoirs en place. Autrefois porte-parole du peuple, ces musiciens sont devenus les chantres des régimes, prêtant leurs voix à la gloire des hommes au pouvoir, oubliant les souffrances de ceux qui les ont élevés.
De Moussa Dadis Camara à Alpha Condé, et aujourd’hui avec Mamadi Doumbouya, ces artistes n’ont cessé de jouer la même partition : celle de l’allégeance aveugle, du soutien inconditionnel. Hier, ils chantaient les louanges d’Alpha Condé, prétendant que sans lui, la Guinée sombrerait. Aujourd’hui, ce même refrain est entonné en l’honneur de Mamadi Doumbouya, présenté comme l’homme providentiel, indispensable à la survie de la nation. Comment expliquer ce cynisme ? Comment comprendre cette dérive qui pousse des artistes, autrefois engagés, à se transformer en simples laudateurs des pouvoirs successifs ?
Il est révoltant de constater que ces artistes, qui devraient être les porte-étendards des aspirations du peuple, se contentent de flatter les ego présidentiels, troquant leur intégrité contre des privilèges éphémères. Le peuple, qui les a soutenus, qui a acheté leurs disques, qui a rempli les salles de concert, se voit trahi, abandonné par ceux en qui il avait placé tant d’espoir.
Ces “artistes du ventre”, prêts à sacrifier leur crédibilité sur l’autel du pouvoir, oublient une chose essentielle : c’est le peuple qui fait d’eux ce qu’ils sont. En choisissant de fermer les yeux sur les réalités du quotidien, en acceptant de chanter les louanges des régimes qui oppressent, ils perdent peu à peu ce lien sacré qui les unit à leur public. Leur musique, autrefois vibrante et porteuse de sens, devient creuse, dénuée de toute authenticité.
Il est temps que ces artistes se réveillent, qu’ils se rappellent leur devoir envers ceux qui les ont soutenus depuis le début. La musique guinéenne mérite mieux que des chants de soumission. Elle doit redevenir ce qu’elle a toujours été : la voix du peuple, l’expression de ses luttes, de ses joies, de ses peines. Il est encore temps de redonner à la musique sa noblesse, de la libérer des griffes du pouvoir pour la rendre au peuple, son véritable maître.
Madiba kaba