Selon mes investigations, les militaires Ivoiriens arrêtés ne font pas partie du contingent de 650 militaires ivoiriens déployés au Mali dans le cadre de la MINUSMA. Cependant, le scénario de « mercenaires » militaires qui seraient au Mali pour une prétendue opération clandestine relève du pur polar.
Sur la base d’une enquête fouillée, je suis en mesure d’affirmer que les 49 soldats interpellés font partie d’un détachement ivoirien qui assure la protection des sites et des installations de Sahel Aviation Services (SAS), dans le cadre d’une convention entre la Côte d’Ivoire et cette entreprise privée. SAS, une entreprise allemande, est liée par un contrat à la MINUSMA, mais également au contingent allemand déployé au Mali, des entités pour lesquelles elle effectue des missions de transport de fret aérien et de personnel civil et militaire.
Mensonges et manipulation
D’après mes informations, la convention entre l’armée ivoirienne et SAS date de 2019, et les éléments arrêtés constituent la 4e relève. « Si c’est maintenant que les services de sécurité du Mali découvrent que des militaires Ivoiriens se relaient tous les six mois depuis trois ans pour sécuriser des sites sur l’aéroport de Bamako, tout comme à Tombouctou et à Mopti, c’est que les Maliens devraient sérieusement s’inquiéter de l’incompétence de leur dispositif sécuritaire » m’a confié un haut gradé d’une force étrangère présente au Mali, joint au téléphone. D’autres armées africaines – notamment de la Sierra Leone et du Ghana – disposent également de ce genre de contrat avec des entités étrangères au Mali.
Contrairement aux affirmations contenues dans le communiqué de la junte malienne, indiquant qu’Abidjan n’est pas au courant de la présence de ces hommes au Mali, des sources gouvernementales ivoiriennes m’ont confirmé que les autorités ivoiriennes avaient expliqué -avec tous les documents nécessaires- la mission de ces militaires ivoiriens.
J’ai pu recouper le fait que, dès l’éclatement de cette affaire samedi, il y a eu quatre communications téléphoniques entre le Chef d’Etat-major Général de l’armée ivoirienne -le général Lassina Doumbia- et son homologue malien, le général Oumar Diarra.
Par ailleurs, le coordonnateur des services de renseignements ivoiriens, le préfet hors grade V.T, a communiqué à la DGSE (Direction Générale de la Sécurité d’Etat) du Mali, tous les documents et informations qui confirment l’identité de ces hommes, mais aussi leur mission au Mali.
Le coup de fil du président ADO
Dès dimanche, le président Alassane Ouattara en personne est entré en scène. D’après mes sources, il a appelé le chef de la junte malienne à qui il a donné toutes les explications sur ces militaires ivoiriens. Mon informateur précise que le colonel Assimi Goïta aurait rassuré le Chef de l’Etat ivoirien sur le fait que le doute étant dissipé, les soldats arrêtés seraient libérés incessamment.
C’est donc tout naturellement que le communiqué de la junte malienne a été fraichement accueilli à la présidence ivoirienne où certains manifestent même de la colère. « Un tel mensonge, dans un communiqué officiel, cela dépasse notre entendement » m’a affirmé une source ivoirienne très haut placée. Quoi qu’il en soit, a poursuivi ma source, « l’annonce par la junte de poursuites au Mali contre nos hommes relève d’une plaisanterie de mauvais goût et nous allons ramener nos militaires au pays dans les plus brefs délais » s’est agacé ce très haut cadre de l’appareil sécuritaire ivoirien.
Que cache la réaction de Bamako ?
Selon une source sécuritaire étrangère sur place à Bamako jointe par le site www.lenqueteurdetermine.net, toute cette histoire cache des enjeux financiers. D’après ce haut gradé, la junte malienne veut simplement récupérer la manne financière que représente ce marché de protection de SAS confié à l’armée ivoirienne. On parle de plusieurs centaines de millions de F.CFA par an.
L’affirmation de ma source est d’ailleurs confirmée par le communiqué de la junte qui invite « la compagnie aérienne Sahel Aviation Services » à confier dorénavant sa sécurité aux forces de défense et de sécurité maliennes ».
Un officier supérieur de l’armée que j’ai interrogé sur ce fait s’est désolé de ce que « nous sommes en train de nous battre pour des contrats qui vont nous délaisser d’une partie des hommes dont on a besoin au front. C’est à croire que notre cupidité menace désormais la sécurité du pays ».
Ce qui est vrai, est vrai !
Avec l’enquêteur détermine.net