Le chef d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, est mort. Il a été tué par une frappe de drone américain, sur Kaboul, en Afghanistan. Il était l’un des terroristes les plus recherchés au monde. Il était considéré comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001 et il avait succédé à Oussama Ben Laden, lui-même abattu par les Américains, au Pakistan, en 2011. Entretien avec Jean-Luc Racine, chercheur émérite au CNRS et chercheur senior à l’Asia Centre.
RFI : Le chef d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, était donc considéré comme le cerveau des attentats du 11-Septembre et il était impliqué dans de nombreux autres attentats. Ce n’est pas pour rien qu’il était l’un des terroristes les plus recherchés au monde.
Jean-Luc Racine : Oui, bien sûr. C’était un homme-clé qui s’est engagé très jeune dans le militantisme islamique sur sa terre égyptienne, où il avait fait de la prison en liaison avec l’assassinat d’Anouar el-Sadate [président égyptien de 1981 ndlr]. Et puis, après sa libération, il s’est retrouvé finalement en Afghanistan où il est devenu en quelque sorte le bras droit d’Oussama Ben Laden auquel il a succédé [ce dernier] a été éliminé par les forces spéciales américaines, au Pakistan, en 2011.
Donc, pour Joe Biden évidemment, et pour la communauté du renseignement américain, c’est un succès. Reste à savoir ce que cela signifie à la fois pour l’avenir politique de Biden dans une année électorale, mais aussi bien sûr pour l’avenir d’al-Qaïda dans le sous-continent indien, puisque c’était le nom que al-Zawahiri avait donné au groupe après l’émergence de l’État islamique d’un côté. D’un autre côté, il faut aussi voir ce que cela signifie pour le régime des talibans, car on a découvert que al-Zawahiri était tout simplement à Kaboul…
Justement, quelles conclusions peut-on en tirer ? Ayman al-Zawahiri n’était donc pas au Pakistan, comme l’avait été Ben Laden, mais bien en Afghanistan. Cela veut dire qu’il avait le soutien des talibans ?
De toute façon, depuis longtemps, al-Qaïda a prêté allégeance à l’émir d’Afghanistan. Cela avait commencé avec le mollah [Mohammad] Omar et cela s’est poursuivi avec ses successeurs, y compris l’actuel émir [Hibatullah] Akhundzada d’un côté ; de l’autre côté, une fraction des talibans et en particulier, celle de [Sirajuddin] Haqqani, l’actuel ministre de l’Intérieur, a toujours été très proche d’al-Qaïda.
les États-Unis et les talibans sur des questions des fonds afghans qui sont restés gelés aux États-Unis, on va entrer là dans une phase de tensions. Il faudra aussi regarder comment réagissent Moscou et Pékin à cette nouvelle.
Ayman al-Zawahiri a donc été tué plus de 20 ans après les attentats du 11-Septembre. Pour les États-Unis, il n’y a pas de limite dans le temps pour « se faire justice »…
Oui. Votre remarque fait absolument partie du discours de Joe Biden et de ses prédécesseurs. Il n’y a pas de limite.
Avec RFI