Les bureaux de vote ont ouvert à 6 heures locales, (5h TU) au Kenya pour les élections générales. Plus de 22 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour voter à six reprises : pour des élus locaux (des gouverneurs, des sénateurs ou encore des députés), mais aussi pour leur futur président. Un duel attendu entre William Ruto, vice-président sortant, et Raila Odinga, un vétéran de la vie politique kényane.
Dans les quartiers de Kibera et Kilimani où s’est rendue notre correspondante à Nairobi, Florence Morice, le vote a débuté dans le calme et à l’heure ce mardi matin, même si quelques retards à l’ouverture ont été signalés dans le pays. À l’école Olympique du quartier de Kibera, l’un des berceaux de la contestation en 2017, les files d’attente s’étaient formées dès le milieu de la nuit et les électeurs à qui RFI a parlé se disent confiants dans le fait que le processus sera pacifique cette année.
Même tonalité à l’école primaire de Kilimani, toujours à Nairobi. Le vote s’y déroule dans le calme. Les Kényans sont devenus matures démocratiquement, espère un électeur, Edwin Kigani, dans la queue du bureau de vote. « C’est très différent des autres fois. Le Kenya est une démocratie mature. On a fait du chemin depuis les années 1990, du parti unique au multipartisme, à la Constitution de 2010. Les gens sont conscients de ce qui est bon pour leur vie. Surtout que nous nous remettons à peine du Covid. Les gens n’ont pas besoin de chaos. On veut voter et retourner travailler. La crise économique a durement frappé les Kényans, plus de quatre millions de personnes ont perdu leur travail. Donc on a besoin d’un nouveau gouvernement qui prenne des mesures pour relever notre économie. »
William Ruto a été le premier des deux à se rendre aux urnes ce matin. Il a voté dans le village de Kosachei, près d’Eldoret, dans sa vallée du Rift natale. Et s’est dit confiant à la sortie. « Tout le monde ici veut un processus pacifique. Nous avons même entendu une prière spontanée pour que cette élection soit pacifique. Je suis très heureux que le processus qui doit aboutir à choisir les prochains dirigeants du Kenya soit enfin en cours. Je veux demander à tous les électeurs de se prêter à l’exercice, comme moi, d’aller voter pacifiquement et délibérément. Je suis convaincu que le peuple kényan fera un choix qui mènera notre pays vers l’avenir. »
Kibera, l’une des bidonvilles de la capitale, où une foule en liesse l’attendait. C’est la cinquième fois qu’il se présente et ses partisans veulent croire que c’est la bonne. Il s’est exprimé en quittant sa résidence de Karen pour s’y rendre. « Je vais aller exercer mon droit démocratique et voter comme nous le faisons toujours. Nous avons fait de notre mieux tout au long de la campagne, à travers notre pays, le Kenya. La balle est maintenant dans le camp du peuple, et je suis convaincu que le peuple kényan va s’exprimer haut et fort en faveur du changement démocratique. » Le duel entre ces deux poids lourds de la vie politique kényane s’annonce très serré.
Çà et là, on trouve quelques mécontents de ne pas trouver leur nom sur les listes électorales, mais cela reste marginal. Les autorités ont annoncé avoir déployé 150 000 officiers de police à travers le pays. Beaucoup d’électeurs disent leur espoir que l’après élection sera pacifique cette année. Mais la distribution du matériel dans le pays, hier, a été émaillée de quelques incidents avec des bulletins de vote acheminés au mauvais endroit où des erreurs sur les photos des candidats. Résultats : la Commission électorale a annulé quatre scrutins locaux, dont celui pour le poste de gouverneur dans la grande ville de Mombasa dans l’est du pays. En réaction, le parti de Raila Odinga, l’un des poids lourds de la compétition, a protesté, car il considère qu’il est favori dans cette grande ville côtière et que même si cela concerne les élections locales, cela pourrait avoir un impact sur la présidentielle.