Ce deuxième séjour du chargé de mission de la CEDEAO, a principalement pour objectif de négocier avec la junte au pouvoir, la réduction de la durée de la Transition, tout comme cela a été le cas au Mali et au Burkina Faso.
C’est donc en priorité avec les tenants du pouvoir, que les tractations doivent se mener, quitte à soumettre ensuite à l’approbation de la classe politique, l’accord arraché au terme des négociations. Dans tous les cas, l’on imagine difficilement comment l’on pourrait parler du retour à l’ordre constitutionnel sans une implication de la classe politique. « Quand le tambourinaire du roi invite la population à la Cour, dit le proverbe, l’enfant du roi n’a plus à se poser des questions sur l’objet de la rencontre, car le sujet sera débattu devant sa porte ».
Faut-il aussi le rappeler, le médiateur doit être pleinement conscient de sa mission et il sait, par conséquent, que tout parti pris conduirait inéluctablement à un échec qui écornerait en premier lui-même son image avant d’éclabousser toute l’organisation sous-régionale dont il est le mandant.
Du reste, les opposants guinéens sont bien placés pour savoir que la tâche du médiateur est particulièrement ardue face à des autorités militaires aux méthodes cavalières.
C’est en raison de cela qu’ils doivent savoir raison garder, surtout qu’ils seront sans doute les premiers à payer et sans doute au plus fort prix, un éventuel échec de la médiation de la CEDEAO.
Et pour cause. L’échec de la médiation remettrait en ébullition la scène politique guinéenne qui ressemble, à bien des égards, à un volcan aux éruptions meurtrières. Et certainement, comme d’habitude, les victimes de la furie meurtrière des bidasses se compteront dans les rangs des militants et sympathisants de l’opposition. Cela dit, il faut laisser le temps à Yayi Boni de dompter la bête pour pouvoir lui trancher la tête. Mais le médiateur de la CEDEAO aurait tort de ne pas prendre en compte, dès à présent, les récriminations de la classe politique qui sont symptomatiques d’un déficit de confiance et de la profondeur du fossé entre les acteurs guinéens. Les inquiétudes émises par l’opposition doivent agir sur lui, comme des capteurs qui balisent les voies de la médiation pour éviter tout dérapage du processus.
Le pays