Depuis le 27 septembre 2022, l’ancien Président de la junte guinéenne, Capitaine Moussa Dadis Camara est détenu à la maison centrale de Conakry.
Pour les avocats des parties civiles constituées dans le procès, donc les avocats des victimes et parents des victimes de ces odieux évènements du 28 septembre, il ne peut y avoir un autre endroit pour garder les accusés. Ils ajoutent qu’aucune disposition légale ne prévoit un statut pénal particulier pour un chef d’État et que c’est une question d’équité.
Tout cela peut être vrai. Cependant, ces arguments demeurent inaudibles pour une bonne partie de l’opinion publique. Celle-ci souhaite que l’application de la loi dans le pays allie humanisme et tradition. Elle interpelle à cet effet le juge amené à trancher dans le dossier, à en tenir compte. Non pas pour laisser l’ancien Président libre, mais le maintenir en détention ailleurs, loin des conditions qui suscitent l’indignation de tous, même chez les irréductibles adversaires de ce dernier. Les conditions de sa détention, telles que décrites, sont gênantes pour une personnalité de son rang.
On apprend qu’il partage une cellule de moins de 16 m2 avec trois autres co-accusés.
« Ici en prison, tout le monde est gêné, je dis bien tout le monde sans exception, de voir un ancien président gardé dans ces conditions. On se le dit ici. On a même honte de le croiser. Cette maison centrale n’est pas faite pour garder un ancien Président de son rang », regrettent des interlocuteurs pensionnaires de cette maison pénitentiaire.
Par-dessous tout, la bonne foi de l’accusé qui a écourté son exil pour rentrer librement, et décidé en toute liberté et connaissance de cause de faire face à la justice de son pays, devrait renforcer la conviction tant sollicitée du juge dans le dossier.
En tout cas, qu’ils soient profanes ou spécialistes du droit, ou encore simples citoyens, les réactions sont les mêmes. Les conditions de détention de Dadis ne renvoient pas une image souhaitable du pays et de sa gouvernance auprès des populations.
Mognouma