Après son éviction du gouvernement, l’ancien ministre des Infrastructures et du Transport a été auditionné par les enquêteurs de la gendarmerie tout au long de la semaine écoulée. Ce fut le cas également de ses co-accusés dans l’affaire de l’enregistrement secret qui a fait grand bruit ces derniers temps, et entraîné leur limogeage pour des faits présumés de concussion. Les différents bureaux qu’ils occupaient ont été perquisitionnés, et, tout naturellement, la brigade des investigations de la gendarmerie continue d’enquêter pour démêler les fils de l’écheveau, faire la part des choses.
Finalement, celui que beaucoup suspectent d’être celui par lequel le « scandale » est arrivé, a été démis de ses fonctions de DGA (directeur général adjoint) du Fonds de l’entretien routier (FER). Bien après les autres, ce qui du reste intrigue plus d’un. Puisque, comme il est dit plus haut, des soupçons pèsent sur Ibrahima Camara – c’est son nom. Cependant, si c’est une certitude qu’il a pris part à la fameuse réunion, l’on se pose toujours un certain nombre de questions à son sujet : est-il vraiment celui-là qui a enregistré les autres à leur insu, a divulgué l’audio sur les réseaux sociaux avant d’aller moucharder en haut lieu ? Si cela était avéré, aurait-il agi ainsi pour prendre la place de son directeur général ? En tout cas, d’autres sources l’accusent de ne pas être à son coup d’essai, en évoquant son passage à la Soguipami (société guinéenne du patrimoine minier). Cependant tout cela reste à vérifier, en l’état actuel des choses l’on ne peut jurer de rien.
Mais au-delà du cas spécifique d’Ibrahima Camara « Abou », il apparaît de plus en plus et au fil du temps, que l’on pourrait bien être en face d’une cabale de grande envergure ayant pour cible le ministre démis. Avec la complicité de puissants personnages dans les hautes sphères de l’Etat.
Des clans formés à la Primature, à la Présidence et au CNT (conseil national de la transition) auraient décidé ainsi de se débarrasser de Yaya Sow, et dans la même lancée positionner un pion à eux à la tête du FER.
Les incohérences qui ont marqué certaines décisions, comme les sanctions à l’encontre du ministre alors qu’il n’était pas présent à la fameuse réunion et qu’il entretient des relations exécrables avec ses co-accusés, accréditent, chaque jour un peu plus, la thèse de la conspiration. On lui en voulait pour son intransigeance, sa rigueur, son sens des responsabilités qui l’ont amené à sévir, à plusieurs occasions, après avoir constaté des manquements. Ironie du sort, certains qui ont subi des sanctions de sa part figurent curieusement parmi ses prétendus complices dans l’affaire en cours.
Les révélations récemment faites dans la presse, à propos d’une sollicitation de l’ancien ministre chargé du Commerce, actuel patron de la Primature, à laquelle il a opposé un niet catégorique parce que non conforme à la règle, résonnent aujourd’hui comme un témoignage.
Les fins limiers de la gendarmerie réussiront-ils à faire jaillir la vérité, les éventuels commanditaires qui ont tiré les ficelles, tapis dans l’ombre, seront-ils démasqués ? Les jours ou semaines à venir nous édifierons. Peut-être…
En attendant, aux dernières nouvelles, Yaya Sow, lui, n’en douterait pas un instant.
Question de foi en Dieu et du sentiment de n’avoir rien à se reprocher ?
N’Gara Baldet