En Guinée pour la bonne réussite de la transition nous avons besoin d’un dialogue politique sincère. Mais pas d’une réunion de masse. Non plus d’un évènement contrôlé par un seul groupe d’intérêt comme ce que nous livrent les facilitatrices à l’hôtel riviera. Un dialogue n’est pas un séminaire ou une conférence-débat. Il n’est pas une formalité ou encore un simple protocole visant à plébisciter les actions du CNRD. Le dialogue signifie confrontation de points de vue. Chaque partie prenante doit venir autour de la table avec des revendications qu’elle juge utiles à la marche de la transition. Dès lors que ce schéma est biaisé, on ne peut plus parler de dialogue. Ça devient un monologue au vrai sens du terme. Et c’est véritablement ce à quoi on se livre présentement à l’hôtel riviera royal. C’est-à-dire que le gouvernement et les facilitatrices reçoivent en face d’eux des acteurs sociopolitiques qui, avec le CNRD, sont d’accord sur tout.
La durée de la transition, la publication de la liste des membres du CNRD, le refus pour ces derniers ainsi que leur gouvernement entier de se soumettre à la déclaration sur l’honneur de leurs biens, sont entre autres des demandes légitimement faites à la junte au pouvoir ; mais qui sont sans importance aux yeux des acteurs aujourd’hui assis autour de la table dite de dialogue. Point par point ces acteurs sont d’accord avec la junte au pouvoir. Encore une fois pourquoi parler de dialogue entre deux personnes qui s’entendent sur tout ?
Le temps que nous avons est précieux. Chaque jour qui passe alors qu’on est dans cet imbroglio est un jour de perdu. C’est une souffrance de trop pour nos populations qui tirent davantage le diable par la queue. Nous avons des défis immenses à relever en matière de lutte contre la pauvreté. La misère dans notre pays va crescendo alors que les autorités au pouvoir ne font rien pour franchir le cap qui freine l’amorce du processus qui mène au progrès. La paix et la quiétude sont toutes deux des conditions sine qua non de tout développement. Or, notre Guinée a constamment vécu dans une spirale de crises ces dernières années du fait notamment du manque de volonté surtout des équipes dirigeantes à aller de manière sincère autour de la table avec des vrais acteurs pour débattre de vraies questions du pays.
Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Les combines entre la junte au pouvoir et certains acteurs qui, hélas n’ont cure du sort du pays et des générations futures, ne fera que nous maintenir dans une situation de blocage et ce, au grand dam du développement de notre Guinée. Ces acteurs dont le souci reste ailleurs (participer au pillage du pays pour se remplir les poches) s’en foutent que les guinéens aillent bien ou pas. Peu importe qu’il y est quiétude ou pas. Ces nageurs en eau trouble n’ont de préoccupation que pour leur pain. Peu importe le prix auquel ce pain est acquis.
Nous le savons tous, le semblant de dialogue lancé tambour battant le 24 novembre passé n’est rien qu’un folklore, une opération de communication pour la junte militaire. Aucune question sérieuse n’est sur la table. C’est un rendez-vous de copains et de coquins venus rien que pour festoyer au détriment de la majorité de nos compatriotes.
Il est temps et encore grand temps pour le CNRD de savoir raison garder et surtout de se rendre à l’évidence que seuls les vrais acteurs peuvent discuter des vrais sujets du pays. Ils sont légitimes et représentatifs à tout point de vue. Vouloir les mettre de coté au profit des menus fretins pour, je ne sais quel agenda, est une illusion pour le moins grotesque. Malheureusement des businessmen de la crise sont encore à l’œuvre et sont parvenus à se hisser au-dessus du CNRD pour imposer cette hérésie. Ils font croire à la junte qu’il leur est possible de faire sans la majorité des guinéens, alignée derrière les poids lourds du pays.
C’est de l’utopie ! Il faut donc que la junte redescende sur terre. L’émotion, le moi et l’arrogance ne dirigent pas un pays. Organisons un dialogue sincère avec les vrais acteurs politiques comme l’ANAD, le FNDC politique, le RPG et Alliés, le FFP et le FFSG pour une vie politique apaisée. La crise en permanence n’arrange pas un régime quel qu’il soit. La stabilité est gage de quiétude et de sécurité pour tout pouvoir.
Diabaty Doré, Président du RPR
Vice-président de l’ANAD