KOUNDARA-La préfecture de Koundara est une ville cosmopolite par excellence, riche de plusieurs ethnies. Située dans le nord de la Guinée à la frontière avec le Sénégal et la Guinée Bissau, elle vibre depuis une semaine au rythme du festival des arts du badiar.
Dans le cadre de ces festivités, le Père Clément Lonah a animé, samedi 24 décembre 2022, une conférence dont le thème porte sur “Les Tendas et leurs Hôtes “. D’entrée, l’universitaire, Père Clément Lonah, recteur de l’université Catholique de l’Afrique de l’ouest est revenu sur comment Koundara a été peuplée par le passé.
“L’occupation de Koundara a été progressive. Les premiers occupants qu’on appelle les autochtones, Coniagui, Bassari et Badiaranké, d’après l’histoire, ces communautés ont quitté l’empire du Mali au moment où cet empire a connu son déclin à partir du XVème et XVI ème siècle.
On considère que ces premières populations là sont arrivées dans cette zone vers le XVII ème siècle sous le règne d’un chef-guerrier qu’on appelle Koly Tenguela. Il n’y avait pas que ce groupe qu’on appelle Coniagui, Bassari et Badiaranké, il y avait d’autres groupes qui ont continué vers le Sénégal et ailleurs.
Donc, c’est dans le XVII siècle que ce groupe est installé et puis s’est développé. La famille Coniagui, Bassari et Badiaranké sont des noms peuls. Coniagui veut dire : « c’est l’abeille » en poular. C’est une appellation peule mais authentiquement qui s’appelle Vu Nyèy, et puis Bassari, le peul a dit ( Ko tenda), lui-même il s’appelle Ale yan, et Badiaranké c’est une déformation de Bhediar.
Cette population originale, avec l’influence des peuls a eu des neveux, les Tenda Bhoïe, ce sont des Bassari qui ont été kidnappés et islamisés de force par des peuls, les Tendas Mayot, ce sont les Bassari qui ont fui pour échapper les guerres saintes peules et se sont réfugiés auprès des fleuves. Les Bediks, eux se sont éloignés et ont tous traversé pour se retrouver au Sénégal.
Voilà donc comment ils se sont composés. Ces groupes ont accueilli d’autres populations comme les foulakoundas, les Djakankés, les peuls et maintenant l’intégration continue puisqu’il y a des populations d’origine forestière à Koundara“, a-t-il expliqué.
A Koundara, il y a eu la famille naturelle composée des Coniaguis, des Bassaris et les Badiarankés. Avant il ne s’appelaient pas comme ça, ce sont les peuls, c’est les premiers à s’installer. Ils ont accueilli d’autres frères progressivement, selon l’universitaire.
“Mais les foulakoundas se sont confiés aux Badiaranké, donc l’intégration a été calme et paisible, les Djakankés ont été invités par les Coniaguis et les peuls ont rejoint la famille par la guerre, notamment contre les Coniaguis, un peu les Badiaranké, les Bassaris mais c’est surtout contre les Coniaguis mais, qui, eux les ont repoussés et qui ont protégé leurs frères Badiaranké et les peuls (Foulakoundas).
C’est donc comme ça que le territoire a été maintenu pour cette population et c’est à cause de cela que cette bravoure des Coniaguis, les guerriers invincibles que cette culture qui a plusieurs couleurs à Koundara, on a bénéficié cela grâce à la bravoure des guerriers Coniaguis“, a-t-il fait savoir.
Parlant de l’origine du mot Koundara, l’universitaire soutient que c’est un mot qui peut être tiré de langue Coniagui tout comme celle des Badiaranké et Bassaris. Kounlar, en langue Coniagui signifie déviation.
Donc, Khundara: signifie carrefour, déviation dans la langue Wamèy, encore dite Kaniagui. Au temps où Youkounkoun était le centre, les Kaniaguis qui allaient en aventure à Kambia, vers la Gambie, le Sénégal, la Guinée Bissau, passaient par là pour éviter les Postes de Douanes. C’est ainsi que Koundara, favorisé par la situation géographique, a pris de l’ampleur et est devenu aujourd’hui le centre de la région, a expliqué Père Clément Lonah.
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
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