Le 30 novembre 2022, le comité national du rassemblement pour la démocratie(CNRD), la junte militaire au pouvoir en Guinée, a ordonné l’arrêt de l’orpaillage sur toute l’étendue du territoire national, notamment à Siguiri et à Mandiana. Selon ces nouvelles autorités militaires, cette mesure a été prise pour organiser cette filière. Suite à un constat amer des dégâts environnementaux, disent-elles, liés à l’exploitation artisanale de l’or. Sauf que, apparemment, rien ne se voit comme concret sur le terrain de la part du Ministère des Mines et de la Géologie, afin de convaincre, le président de la Transition, colonel Mamadi DOUMBOUYA, pour la reprise rapide des activités artisanales de l’or.
L’orpaillage est une activité garantie par le code Minier guinéen. Il constitue l’essentiel des moyens de subsistance des communautés à la base, dans toutes les zones aurifères du pays. Et le gouvernement reconnaît l’effort des orpailleurs dans la vie économique du pays : jusqu’à date, les 80% de production d’or proviennent de l’exploitation artisanale et les 20% sont repartis entre les sociétés industrielles. Il faut également noter que, la commercialisation de l’or des orpailleurs guinéens, introduit dans les circuits financiers du pays, plus de 3 milliards de dollars. Ce qui permet à l’Etat de maîtriser l’inflation et le taux de change de la devise. Vu tous ces apports de l’orpaillage dans le monde des affaires en Guinée, l’Etat ne doit aucunement admettre que cette activité se confronte à quelque difficulté que ce soit.
Malheureusement, en fin novembre dernier, les nouvelles autorités ont déclenché la guerre à cette filière. Il y a eu des descentes musculeuses dans les sites d’orpaillage à Siguiri et à Mandiana. Les orpailleurs ont été interpellés, emprisonnés et mis à la disposition de la justice. Les faits qui leur ont été reprochés : exploitation illégale de l’or, destruction de l’environnement et l’utilisation d’engin lourd, non autorisé pour l’extraction de l’or dans les mines artisanales.
Nombreux orpailleurs ont été surpris de cette réaction des autorités du CNRD contre eux. Ils disent être en règle conforment à tout ce que l’Etat exige jusqu’à maintenant pour l’orpaillage en Guinée. D’après ces orpailleurs au cours de la journée nationale des orpailleurs, organisée à Kankan en 2016, il a été décidé dans les recommandations d’attribuer des couloirs de l’orpaillage aux exploitants artisanaux, par un arrêté. Le Ministère des Mines et de la Géologie d’alors Abdoulaye MAGASSOUBA a fait et signer cet arrêté d’attribution des parcelles destinées à l’exploitation artisanale de l’or. Il s’agit de l’Arrêté A/2017/6163/MMG, portant régime de l’exploitation artisanale et procédure d’attribution des parcelles. C’est ainsi, les mines artisanales de l’or ont été attribuées aux orpailleurs suivant des modalités de paiement. Ces modalités sont : l’achat de la parcelle à 1 millions GNF ; versement de 500 milles GNF pour les équipes techniques d’encadrement et paiement de 5 millions GNF pour la restauration de l’environnement. Donc les orpailleurs ont 6 millions500 milles GNF à payer contre un reçu de paiement avant de bénéficier un couloir pour l’exploitation artisanale de l’or. Les orpailleurs se sont donc, acquittés dans toutes les zones reconnues pour l’orpaillage par le gouvernement. Il leur a été demandé de continuer les activités sur leurs différents sites, en attendant la signature d’un autre arrêté qui porte sur la règlementation de l’exploitation artisanale de l’or.
Depuis lors, les orpailleurs continuaient l’exploitation sur leurs parcelles. L’arrêté de réglementation n’a pu être signé par le Ministre des Mines précèdent, pour cause de changement de régime et celui qui est aussi là actuellement, Moussa MAGASSOUBA ne se retrouve pas pour terminer ce dossier.
Il est donc inadmissible que l’Etat se lève un beau matin, stopper les activités de ces orpailleurs qui ont payé en bonne et due forme leurs parcelles, les accuser à tort ou à raison, de dégradation de l’environnement. Alors cela pourrait être évité depuis très longtemps avec la signature de l’Arrêté de règlementation. L’Etat est donc, le seul responsable de tout ce qui s’est passé dans ces derniers temps, dans l’exploitation artisanale de l’or en Guinée. Pourtant, il ne manque ni l’accompagnement des partenaires, ni des cadres compétents pour l’élaboration des textes de réglementation, mais plutôt un manque de volonté politique du Ministre des Mines et de la Géologie Moussa MAGASSOUBA.
Les orpailleurs comptent désormais sur la Direction Nationale des Mines qui dispose de très bonne stratégie de réglementation de l’orpaillage, afin d’aider le Ministère de tutelle, pour que la situation soit débloquée sur le terrain.
Toumany CAMARA