(Agence Ecofin) – L’Afrique n’a pas été épargnée par le programme secret de surveillance des Etats-Unis, baptisé Prism. Ce dernier est destiné à collecter les données en ligne des gouvernements, des entreprises et des particuliers du monde entier – hormis ceux des Etats-Unis – et est associé au logiciel Boundless Informant qui permet d’analyser de manière précise et détaillée ces données. Ces programmes ont été dévoilés par l’ancien consultant de la NSA (National Security Agency), l’agence nationale de sécurité américaine chargée du renseignement, Edward Snowden, qui s’est confié au Guardian et Washington Post en juin dernier. Ils montrent aux yeux du monde comment les Etats-Unis espionnent l’Internet et certains réseaux de téléphonie. Depuis 2007, le programme Prism collecte les mails, les fichiers, les photos, les communications audio ou vidéo, toutes les informations transitant via le web. Les entreprises espionnées étant Microsoft, Google, Facebook, Skype, Yahoo !, YouTube, Paltalk, Aol et Apple.
A titre illustratif, pour le seul mois de mars 2013, la NSA a analysé 97 milliards d’informations avec Boundless Informant. Les cinq pays les plus surveillés étant l’Iran (14 milliards d’informations recueillies), le Pakistan (13,5 milliards d’informations recueillies), la Jordanie (12,7 milliards d’informations recueillies), l’Egypte (7,6 milliards d’informations recueillies) et l’Inde (6,3 milliards d’informations recueillies). Plus encore, les communications téléphoniques d’une trentaine d’ambassades étrangères à Washington étaient écoutées, car des microphones y étaient installés.
Rang Pays
1erEgypte
2e Kenya 3e
3emLibye
4eTanzanie
5eSomalie
6eAlgérie
7eSoudan
8eOuganda
9eRD Congo
10eZimbabwe
Les 10 pays africains les plus surveillés par les Etats-Unis
L’Egypte occupe donc le quatrième rang mondial et le premier rang des pays africains les plus surveillés par les Etats-Unis, plus espionnée que la France.
Elle est suivie par le Kenya, espionné au même titre que l’Allemagne. Vient ensuite l’Algérie espionnée au même titre que la Turquie. La Tanzanie (pays dans lequel le président Barack Obama s’est rendu le 1er juillet 2013), la Somalie, l’Algérie, le Soudan et l’Ouganda suivent et sont aussi surveillés par les Etats-Unis, au même degré de surveillance que la France. Les deux derniers sont la RD Congo et le Zimbabwe.
Pendant sa récente tournée africaine (Sénégal, Afrique du Sud et Tanzanie), Barack Obama a pourtant déclaré, lors d’une conférence de presse en Tanzanie, que son pays voulait être le véritable partenaire de l’Afrique. « Je l’ai dit à travers l’Afrique, nous envisageons un nouveau modèle qui ne soit plus seulement basé sur l’aide et l’assistance mais sur le commerce et le partenariat », a-t-il déclaré. « Le but ultime, a poursuivi le président américain, est que les Africains construisent l’Afrique, pour les Africains. Et notre travail est d’être un partenaire dans ce processus, et la Tanzanie a été un de nos meilleurs partenaires ». Des partenaires qu’on espionne, dirait-on.
Réponse d’Obama
Au sujet des révélations d’Edward Snowden relayées par The Guardian et le Washington Post, Barack Obama ne s’est pas encore clairement expliqué aux Européens, qui, excédés, lui ont demandé des explications pressantes. Réagissant depuis Dar es Salam en Tanzanie où il était en visite le 1er juillet dernier, Obama a promis que les Etats-Unis fourniront à leurs alliés européens toutes les « informations » qu’ils réclament sur les activités d’espionnage électronique dont est accusée la NSA contre leurs représentations à Washington et à l’Onu. D’après le président américain, Washington continue « d’évaluer » le contenu d’articles de presse et les documents fournis par l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden. Par la suite, les Etats-Unis « communiqueront de manière appropriée avec leurs alliés ». « Quand nous aurons une réponse, nous ferons en sorte de fournir toutes les informations voulues par nos alliés », a assuré Barack Obama, qui estime cependant que les pays vont toujours chercher l’information au-delà de ce qui est présenté dans la presse.
Mais déjà, la Direction nationale du renseignement américain (ODNI), qui coordonne les activités des 17 agences de renseignement américaines, dont la NSA, avait indiqué que les Etats-Unis « répondront de façon appropriée » à l’UE et à ses Etats membres par les canaux diplomatiques. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, premier officiel américain à réagir sur ce sujet, a d’ailleurs minimisé le sujet. « Je dirais que chaque pays dans le monde qui est impliqué dans les affaires internationales, de sécurité nationale, exerce de nombreuses activités afin de protéger sa sécurité nationale et toutes sortes d’informations qui peuvent y contribuer », a-t-il déclaré.
Au moment où les gouvernements européens exigent des explications des Etats-Unis, les gouvernements africains, eux, restent encore muets face à ces révélations.
Par Beaugas-Orain Djoyum pour le magazine Réseau Télécom No 63