Un quotidien d’opposition ivoirien a été suspendu par l’Autorité nationale de la presse (ANP), organe de régulation des médias en Côte d’Ivoire, qui l’a accusé d’avoir « porté atteinte » au « corps judiciaire ».
Dans un communiqué publié mercredi, l’ANP a annoncé la suspension de six numéros du quotidien Le Temps, proche de l’ancien président Laurent Gbagbo et a interdit son directeur de la publication, Yacouba Gbane, d’écrire pendant trois mois
L’ANP reproche notamment au journal d’avoir publié la photo d’une juge d’instruction, ce qui « porte atteinte à son droit à l’image et met à mal son activité, le secret de l’instruction » et « son intégrité physique ».
La magistrate avait convoqué à deux reprises Damana Pickass, secrétaire général du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI) créé par Laurent Gbagbo. Il a été entendu pour son rôle présumé dans l’attaque d’une caserne à Abidjan en 2021.
L’ANP pointe un deuxième article également écrit par Yacouba Gbane, concernant la même affaire, dans lequel le journaliste accuse « les juges » d’être « devenus des bras séculiers du régime » du président Alassane Ouattara.
L’article fait référence à la condamnation à deux ans de prison ferme pour « troubles à l’ordre public », le 9 mars, de 26 militants du PPA-CI venus soutenir M. Pickass lors de sa première convocation: ils ont finalement été condamnés à deux ans de prison avec sursis en appel.
« Ces articles portent atteinte à l’honneur et à la considération du corps judiciaire », écrit l’ANP. « C’est inacceptable, nous ne sommes pas d’accord. C’est de l’injustice », a réagi Yacouba Gbane, interrogé par l’AFP. « Ceux qui sont aujorud’hui à la tête de l’ANP sont des fossoyeurs, des pourfendeurs de la liberté de la presse », a-t-il poursuivi, affirmant « assumer » ses écrits.
L’ANP avait déjà suspendu 26 parutions du journal Le Temps en février et avait interdit M. Gbane de publication pendant un mois, pour « l’annonce de la parution d’un article critique du régime Ouattara », selon lui.
AFP