Manifester est un droit inaliénable pour tout citoyen, un acte légitime pour exprimer un mécontentement face à la gouvernance ou aux engagements non tenus par les autorités. Pourtant, en Guinée, ce droit est systématiquement diabolisé, alors qu’il constitue un pilier essentiel de toute démocratie.
La question centrale demeure : pourquoi les citoyens manifestent-ils ? Il est évident que les frustrations naissent de promesses non tenues, de décisions injustes ou de situations insoutenables. Ces frustrations, accumulées, conduisent aux manifestations, qui doivent se dérouler dans le respect des lois. Mais pourquoi critique-t-on davantage ceux qui manifestent que ceux qui répriment violemment ces mouvements légitimes ?
Il est faux de prétendre que toutes les manifestations en Guinée sont violentes. J’ai participé à des rassemblements pacifiques, autorisés, qui se sont déroulés dans l’ordre et sans incident. Cela démontre que, lorsqu’elles sont bien encadrées, les manifestations peuvent être une réelle expression démocratique. Mais pourquoi, alors, interdit-on les manifestations tout en tolérant une propagande sans limites ?
Le cas de figures comme Ousmane Gaoual Diallo et Bah Oury est emblématique. Ces hommes, aujourd’hui critiques envers les manifestations, sont pourtant des produits de ces mouvements de rue. Il suffit de revoir leurs discours d’il y a seulement quelques années pour constater leur incohérence. Hier, ils défendaient la rue comme un espace d’expression démocratique ; aujourd’hui, depuis leur changement de camp, ils condamnent cette même rue qu’ils glorifiaient.
N’oublions pas certaines déclarations incendiaires. Ousmane Gaoual, lors d’une manifestation à Paris, affirmait ouvertement : « Il n’est pas interdit de tuer des présidents. » Ces propos choquants montrent jusqu’où certains leaders pouvaient aller pour galvaniser les foules. Aujourd’hui, ces mêmes individus prônent un discours contraire, reniant leurs convictions d’hier.
La manifestation n’est pas un crime, mais un droit. C’est une arme pacifique pour exprimer un désaccord, dans le respect des lois et des principes démocratiques. Plutôt que de la diaboliser, nos dirigeants devraient s’interroger sur les causes profondes de ces mouvements et chercher des solutions durables aux frustrations populaires.
Chacun porte sa part de l’histoire, et elle jugera les actes et les paroles de chacun. En bon entendeur, salut.
Madiba kaba, journaliste