En Guinée, la justice fonctionne à deux vitesses, comme un ascenseur réservé aux uns et un escalier interminable pour les autres.
Le cas de Mandian Sidibé, cet énigmatique « fils adoptif non déclaré », en est la preuve flagrante.
Pendant que le dossier de certains se voit expédié à la vitesse de la lumière pour atterrir directement sous mandat de dépôt, celui de Mandian traîne, vacillant d’un étage à l’autre, comme si le temps pouvait effacer les scandales.
Mais en Guinée, on a cette capacité étrange à oublier, à détourner le regard dès qu’un nouveau scandale éclate.
Aujourd’hui Mandian, demain un autre. Le peuple, anesthésié par l’overdose de corruption, regarde passer les trains de malversations sans jamais monter à bord de l’indignation durable.
Malversations avérées, limogeage orchestré, mais le dossier de Mandian stagne à l’ORDEF, prétendument pour permettre à l’ORDEF de “recenser ses biens”. Une formalité qui, curieusement, n’a jamais été accordée à ceux qu’on envoie goûter l’humidité des cellules sans autre forme de procès.
Mais pourquoi s’étonner ? Ne dit-on pas que le destin de Mandian est protégé par la reine mère, celle-là même qui a pris son envol pour Paris jeudi dernier ?
Une mère attentionnée qui, depuis les salons feutrés de la capitale française, pourrait bien décrocher un coup de fil salvateur pour son précieux fils adoptif. Car après tout, Mandian Sidibé, c’est plus qu’un homme, c’était son coffre-fort magique .
Ainsi va la Guinée, où la justice est une parodie et où l’espoir d’un peuple s’efface sous le poids de l’injustice chronique. Le cirque continue, et les spectateurs, lassés, détournent les yeux. Un autre scandale est en chemin, après tout.
Abdoul Latif Diallo
journaliste d’investigation
Très très indépendant