En Guinée les examens nationaux (entrée en 7ème Année et BEPC) de cette année ont connu des résultats très fâcheux et dégoûtants. Les enseignants, élèves, parents d’élève, encadreurs d’école et l’Etat se rejettent la responsabilité. Pourtant chaque partie a honnêtement une part de responsabilité dans cette situation désastreuse.
Depuis un bon moment, le système éducatif guinéen souffre énormément du désintéressement et de la négligence des uns et des autres.
L’Etat censé de recruter les enseignants pour les écoles publiques est incapable depuis plus de dix ans de fournir à toutes ces écoles des enseignants qualifiés et compétents. Beaucoup d’écoles surtout celles de l’intérieur du pays se plaignent d’un manque important d’enseignants. On peut voir dans ces endroits, une école de trois classes où il n’y a qu’un seul enseignant professionnel ou titulaire. Une école de six classes avec deux ou trois enseignants. Un professeur du collège ou lycée qui dispense trois ou quatre matières parfois qui ne sont même pas de ses spécialités, et qui est tenu de servir seul deux ou trois établissements différents. Les séminaires de formation jamais souvent organisés pour la qualification des enseignants sont devenus denrées rares dans ces derniers temps. Voilà quelques faits marquants qui témoignent une véritable démission de l’Etat dans la vie de nos écoles entrainant ainsi des conséquences néfastes dans la formation des élèves. Aussi dans le recrutement des enseignants au lieu de ne recruter que des sortants des écoles normales des instituteurs (ENI) et ceux de l’ISSEG, d’autres sont recrutés par affinité n’ayant aucune qualification. Tous ces handicaps se soldent par la mauvaise formation des élèves et candidats qui n’auront aucune chance de réussir.
Concernant les enseignants, le gros problème à ce niveau est que beaucoup d’enseignants guinéens souffrent d’une inconscience professionnelle notoire. Ils ne se livrent pas aux recherches, vous verrez des enseignants qui évoluent depuis plus de dix ans avec un même cahier de préparation et les mêmes documents. Pourtant la science évolue, ce qui veut dire que ce qui est à la mode aujourd’hui, peut ne pas l’être demain. Ensuite, bon nombre d’enseignants sont animés par l’esprit de profit, ils ne veulent rien faire gratuitement, ignorant que l’enseignement est un métier de sacrifice. Il faut se sacrifier pour la réussite de ses élèves et que son salaire et je veux dire son véritable salaire n’est que dans les mains de Dieu.
La paresse aussi est devenue la compagne de certains enseignants, tandis qu’un enseignant quelque soit son âge doit s’armer de courage, de dynamisme et de détermination. D’autres même vont jusqu’à faire cours à leurs élèves qui, en principe doivent être considérées comme leurs filles ou sœurs. Tous ces constats dénotent un manque de conscience professionnelle chez beaucoup d’enseignants guinéens ce qui a sans doute des répercussions sur la bonne formation de nos élèves entrainant des échecs lamentables aux examens.
S’agissant des encadreurs d’école (Directeurs ou directrices d’école, principal, proviseurs, directeurs des études et censeurs), beaucoup d’entre eux ne connaissent pas leurs prérogatives ou s’ils le savent ne l’assument pas convenablement. Ensuite, bon nombre de ces encadreurs d’école n’ont pas suffisamment de temps pour l’école, ils sont occupés à d’autres choses. Et s’ils y sont présents, ils sont dans leurs bureaux où ils reçoivent des informations et donnent des instructions. Pourtant l’administration scolaire est un travail de terrain qui commence dès le premier jour de l’ouverture jusqu’à la fin des examens. Le directeur, chef d’établissement, directeur des études ou censeur doit faire le tour des classes tous les jours pour avoir la situation claire de chaque classe, surtout en termes de présence des élèves et enseignants. Respecter et faire respecter les textes du règlement intérieur de l’école. Encadrer à tout moment le personnel enseignant. Mettre en place des stratégies pour motiver les élèves au travail, mettre une connexion entre l’école et tous les parents d’élève. Mais très malheureusement la plus part des responsables scolaires du pays n’agissent pas ainsi, ce qui occasionne l’échec de leurs candidats aux examens nationaux.
Les élèves guinéens, quant à eux le sérieux ne se lisent sur leurs visages qu’à une semaine ou un mois de la date fixée pour les examens. Pendant tout ce temps, les cahiers, professeurs et encadreurs d’école sont leurs ennemis jurés qu’ils ne veulent ni voir ni sentir. Ils passent donc les sept et huit mois de l’année scolaire à s’amuser ou à faire semblant d’étudier. Les cours ne sont pas bien suivis, les cahiers ne sont pas à jour, les révisions ne sont pas suivies ni rien. A un mois de l’examen, ils veulent prouver à tout le monde qu’ils sont soucieux, mais tout ce qu’on n’a pas pu appris pendant huit mois on ne peut nullement l’apprendre en un mois. Voilà comment les candidats guinéens se trompent. Un examen se prépare dès le début de l’ouverture. Le candidat ne doit rater aucun jour d’école, car un jour raté est égal à un point raté et ainsi de suite. Un candidat qui fait du sérieux pendant toute l’année scolaire, en fréquentant tous les jours l’école, en apprenant ses leçons, en suivant les révisions et respectant tous les consignes de son maitre, professeurs et encadreurs est toujours admis à l’examen. Mais comme beaucoup font le contraire, c’est pourquoi, nous assistons à des résultats catastrophiques.
Quant aux parents d’élève, beaucoup ne suivent pas leurs enfants. Ils leur laissent faire ce que bon leur semble. Ils ne suivent pas leurs mouvements c’est-à-dire contrôlé s’ils sont réguliers à l’école ou apprennent leurs leçons. Pour ces derniers c’est l’école qui doit tout faire, le suivi de leurs enfants tant à l’école qu’à la maison. Nous dirons que les parents qui pensent ainsi ont tort et mettent en péril l’avenir de leurs enfants. Tout bon parent est dans l’obligation de contrôler les mouvements des ses enfants en étant en relation étroite avec la direction de l’école où ils étudient, ceci en ayant le numéro d’un ou de deux responsables de cette école que vous pourriez appeler deux ou trois fois dans la semaine pour s’assurer des comportements de votre enfant. Chaque fois que vous êtes avec vos enfants à la maison, dites les d’apprendre leurs leçons. Leur interdire des sorties nocturnes et des mauvaises fréquentations. Ce suivi n’est pas seulement pour ceux du primaire, mais plutôt pour tous vos enfants même ceux qui font la Terminale, filles comme garçons. Dès que l’enfant comprend qu’il est suivi par ses parents, il se verra dans la contrainte de faire du sérieux et finalement il va réussir dans ses études. Le parent doit aussi s’acquitter de ses obligations vis-à-vis de l’école, que ça soit le payement des frais de scolarité à temps pour ceux évoluent dans les écoles privées, le payement des frais de révision ou autres légalement réclamés par l’école. Ceci empêchera l’école de renvoyer votre enfant de la classe. Ensuite, les parents doivent décharger leurs enfants des commissions qui peuvent les empêcher d’assister à la montée des couleurs ou de s’absenter de la classe. Un parent qui agit ainsi donne 90% de chance à son enfant de réussir, mais dans le cas échéant il fait la promotion de son échec.
En conclusion, pour éviter des échecs dans les examens nationaux, il convient pour chaque partie : l’Etat, les élèves, les enseignants, les encadreurs d’école, et parents d’élève de jouer chacun honorablement son rôle.
Abdoulaye Salim Camara ,historien et enseignant