une lâcheté qui a honte à s’avouer. Oui, la neutralité, c’est de la lâ-che-té.
Est-il besoin de le prouver ? En fait, vous le savez bien autant que moi : la raison humaine est jugement et le cœur humain est parti pris. Il en résulte qu’aussitôt qu’éclairé par les données d’un débat ou d’un conflit, humain, on ne peut pas ne pas prendre parti. La neutralité donc, si tant est qu’il soit possible d’être neutre, la neutralité, dis-je, n’est qu’une posture d’imposteur adoptée pour le besoin de la cause ou pour la cause du besoin. Un leurre. Une ruse.
convictions par peur d’en subir les conséquences n’est pas de la lâcheté ; si renoncer à l’action par crainte de représailles n’est pas de la lâcheté ; si, m’enfin ! voir l’injustice et passer son chemin n’est pas de la lâcheté, admettez au moins, admettez néanmoins que cela y ressemble beaucoup. Non ! Non ! Jamais ! La neutralité n’est pas une vertu. Des individus aux États, elle reste une veulerie. Eh quoi ! Un ami qui a fait vœu de ne jamais prendre parti pour personne ? Non merci ! Et en quoi serait-il donc mon ami, lui qui ne porterait pas sa part de mon malheur ? Que la neutralité nous préserve du chaos de l’affrontement…
Et dire que la paix perpétuelle de certains est à ce prix ! Comme si au-delà de la patrie, il n’y avait pas l’humanité ! Un Régime qui opprime son peuple a tout à gagner que des États tiers au conflit demeurent neutres. Mais Desmond Tutu considère avec raison que « si vous êtes neutres dans les situations d’injustice, vous avez choisi le côté de l’oppresseur ». Car « La neutralité, renchérit Elie Wiesel, aide l’oppresseur, jamais la victime ».
En Afrique, dit-on, « il est impoli de parler quand on mange ; et malpoli de jaser la bouche pleine ».
Quittez la tranquillité de votre neutralité !
Quiconque n’est pas dégouté par ce qui est dégoutant est encore plus dégoutant que ce qui ne le dégoûte pas ».