C’est dans le budget national de développement(BND) que le gouvernement de la transition a puisé cette année, pour financer la campagne de reboisement 2022. Mais la gestion de cet argent par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable s’est fait sous fond de confusion et laisse planer assez de zones d’ombre.
La première interrogation qui se pose, concerne l’utilisation de l’entièreté des 14 milliards 647 millions de francs guinéens, que le gouvernement a décaissés pour la réalisation de cette campagne de reboisement .Le programme est cadré sur 1000 hectares et le cout à l’hectare est fixé à 10 millions GNF. Que deviennent donc les 4 milliards 647 millions GNF ?
Aussi, quand on regarde la procédure de transaction bancaire de cet argent, jusqu’au paiement des opérateurs qui ont été sélectionnés pour exécuter les travaux, le circuit a été anormal et émaillé de corruption.
En principe c’est le fonds de l’environnement et du capital national(FECAN) qui devait gérer la manne. A défaut de la Direction Nationale de la foret et faune(DNFF) dont la mission régalienne est de piloter toutes les opérations liées à la protection de la forêt. Mais tous les deux se sont vu écarter.
Madame la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable, Louapou LAMAH aurait préféré domicilier la cagnotte dans le compte de l’Agence Guinéenne de l’Environnementale(AGEE). L’argument qui serait brandie par elle, serait que le FECAN n’as pas de compte. Mais une source a la Direction Nationale de la forêt et faune a démenti, cette version de la Ministre et soutien que le FECAN dispose d’un contrôleur financier donc par ricochet, il a bien et bel un compte bancaire. La même source ajoute que Louapou LAMAH se méfie d’impliquer dans toutes ses affaires les responsables de la DNFF. N’est-il pas pour ne pas que ceux-ci détectent toutes les magouilles orchestrées ? Et tout cas, les raisons qui pourraient motivées Madame la Ministre à aller placer les 14 milliards et quelques dans le compte de l’AGEE est bien simple de savoir. C’est que le DGA de cette Agence est l’un des hommes proches-parents d’elle. Même le DG de cette Agence n’a été informé qu’à la dernière minute de l’existence de cet argent dans le compte de l’AGEE.
Parlant de la gestion technique des opérations de reboisement sur le terrain, normalement c’est dans les prérogatives de la Direction Nationale de la forêt et faune. Mais encore une fois de plus, Louapou LAMAH a décidé d’aller à l’encontre des principes. Elle aurait relégué au second plan la DNFF et mettre au-devant, son conseiller chargé au développement durable, qui lui aussi considéré comme son proche-parent.
Autre fait aussi plus grave au compte de cette campagne de reboisement 2022, c’est que les inspecteurs régionaux et les directeurs préfectoraux de l’Environnement qui ont été mis à contribution, ont été demandés de déposer 40 à 50 % de ristourne du montant qu’ils ont reçu. En plus il leur a été imposé de produire le rapport justifiant le montant initial mis au nom de leur juridiction. Lorsque cette information a fuité pour la première fois dans la presse, une réunion restreinte de cabinet a été convoquée au Département pour parler de la gestion de cette campagne. Et depuis lors, un climat de méfiance s’est installé entre les cadres du Ministère de l’Environnement.
Trop attachée à sa région d’origine N’Nzérékoré, Louapou LAMAH aurait orienté l’essentiel de cette campagne de reboisement 2022 dans la région de la Guinée forestière. D’ailleurs c’est là, qu’elle a choisi pour le coup d’envoi de cette campagne. On apprend que quand il y a les projets d’envergure nationale dans les discussions au conseil de cabinet, elle accorde toujours la priorité à sa région d’origine, même si celà n’est pas nécessaire.
Alors que s’il faut privilégier des régions pour cette campagne de reboisement, c’est biens Kankan et Boké qui restent à date les zones les plus déforestées, à cause de l’exploitation minière à outrance dans ces endroits. Bon nombre de cadres du Ministère de l’Environnement qualifie la gestion de Louapou LAMAH de régionalisme exagéré et d’opacité des avoirs de son département.
Par ailleurs, nombreux observateurs se disent ne pas comprendre les raisons qui ont poussé le décaisser dans le Budget national de développement, pour financer cette campagne de reboisement 2022.Pendant qu’il existe l’Arrêté conjoint A/2018/7878/MEFF/SGG du 12 novembre 2018 fixant les taxes et redevances de l’exploitation forestière et le prix de vente des bois d’œuvre dans les plantations forestières de l’Etat. Dans cet acte officiel, la taxe de défrichement que les sociétés minières doivent payer à l’Etat est fixée à 10 millions GNF par hectare multipliés au nombre d’hectares touchés par le projet. L’argent est versé dans le compte du FECAN. A voir donc, le nombre d’entreprises minières qui évoluent en Guinée, FECAN ne peut rester aujourd’hui sans avoir des centaines de milliards de francs guinéens dans son compte.
Pourquoi l’Etat n’a pas décaissé dans le compte de FECAN, pour financer cette campagne de reboisement 2022 et orienté les plus de 14 milliards débloqués dans d’autres projets de développement ?
Puisque, pour cette campagne de reboisement, le même montant 10 millions qui est accordé aux ONG qui ont été recrutées pour mener les activités sur le terrain, est le même montant que les sociétés industrielles paient par hectare au titre de taxe de défrichement.
Toumany CAMARA