Les putschs semblent devenus pour les militaires un raccourci
pour accéder au pouvoir. Les armées auraient-elles perdu leur
statut républicain pour s’acharner ainsi sur les élus démocratiques ?
A l’allure où se succèdent les coups de force, il y a lieu d’avoir peur
pour la démocratie dans l’Ouest africain. Au départ, ce fut le Mali
les militaires ont déposé de force le Président démocratiquement
élu, Ibrahim Boubacar Keita. En moins de quelques mois un autre
groupe de militaires renversa ces derniers. Assimou Goïta devint
ainsi le nouvel homme fort du Mali. Le motif invoqué est l’insécurité
face aux djihadistes qui ont fait une forte avancée dans le pays.
Malheureusement jusqu’à nos jours la situation ne s’est pas
pourtant améliorée. Si les FAMA avaient joué leur rôle de
républicain, ils pouvaient endiguer ce fléau avec le courage qu’on
leur reconnait.
Quelques mois à peine, les forces spéciales conduites par le
colonel Mamadi Doumbouya, renversaient le Pr. Alpha Condé
pourtant démocratiquement élu. Les raisons évoquées furent les
difficultés et les souffrances du peuple. Mais de nos jours, ces maux
se sont exacerbés et les conditions de vie des populations sont
devenues pires que par le passé. Rien ne justifie aujourd’hui ce
coup d’Etat en Guinée sinon que l’appétit du pouvoir du colonel
Doumbouya et ses hommes.
Le 24 janvier 2022 l’armée burkinabé rentrait à son tour dans
la danse en déposant le Président de cet autre pays
démocratiquement élu, Christian Kaboré. Là également, l’alibi
sécuritaire sera évoqué pour justifier leur forfaiture. Cependant
l’insécurité allait crescendo, le colonel Damiba venu au pouvoir
pour endiguer l’invasion djihadiste, manquera à sa mission de
sauvegarde du territoire national. En conséquence en moins de
huit mois, précisément le 30 septembre 2022, il sera à son tour
renversé par un autre groupe de militaires pour le même motif
sécuritaire. On dirait une sorte de belote et rebelote pour les
militaires au Mali tout comme au Burkina Faso. Comme ces pays
sont des voisins et il faut craindre que cela ne soit contagieux pour
les autres pays de la sous-région notamment la Guinée.Cette tourmente politique que connaissent ces pays n’est
pas favorable à leur développement socioéconomique. Quels
que soient les alibis invoqués, les coups de force sont de véritables
facteurs de retard tant économique que social. Il faut aujourd’hui
craindre la même chose en Guinée car, les mécontentements et
les frustrations sont légion. Rien n’est rassurant quant à la sérénité
instable du CNRD face aux multiples chantiers qu’il compte couvrir.
Qui trop embrasse, mal étreint dit une sagesse populaire. Dans une
transition, le mieux serait de mettre les jalons pour l’organisation des
élections crédibles et transparentes et s’en aller. Mais si la transition
se donne des ambitions démesurées, il risque fort le syndrome
burkinabé. Quand la case du voisin brûle, il faut prendre garde car
l’appétit vient en mangeant. L’histoire enseigne que dans le
groupe qui fait le coup de force, les 85% sont écartés et ils
constituent de véritables menaces.
En tout cas la roue de l’histoire tourne et, attendons de voir…
MAM.CAMPBELL
JOURNALISTE INDÉPENDANT ET ACTIVISTE CONSULTANT EN COMMUNICATION EN COMMUNICATION